Une herbe folle de photo synthèse
Au printemps 2016, je me suis « chlorophyllisée », en sirotant de la photo synthèse, avec un objectif devant et un autre derrière l’oeil.
Mauvais temps, floraison ruinée par trop de grêle et de gel, les bourgeons des vignes et des arbres fruitiers avaient brûlé à peine éclos. Pour rester verticale, j’ai commencé à marcher les pieds ancrés dans le bitume, le crâne tendu vers le ciel, en regardant à 360 °. N’étant plus que sensations, je me laissais bercer par la lumière, les orteils et les yeux grand ouvert.
Tout ça c’est grâce à Antigone, qui ne s’est pas résignée, qui a fait face et s’est battue contre la pensée unique, l’excès de pouvoir, le non respect de la personne humaine, vivante ou morte. Elle a marché entre Athènes et Thèbes, pour honorer les siens, seule, contre tous, et ce chemin me faisait du pied. Je respirais en ayant conscience de mon souffle, et de mon corps. J’étais gouvernée par mon coccyx et (é)mue par le sentiment de naviguer en toute liberté.

Quand au milieu d’un jardin parisien, j’ai déroulé le fil d’Ariane et vu se rapprocher l’espace et le temps, le mouvement et son onde, la parole et son sens, le son et son écho, le vide et le plein, l’utile et l’inutile, j’ai senti mon regard s’allonger, et mon cœur d’herbe folle devenir flottant.