Le petit animal, que je suis, trimballe un grain de sable dans son œil. Ce morceau brut et cristallin s’est extrait d’une plage de Bretagne. Il a fait le chemin jusque dans mon globe gauche. Ce grain breton donne à mes larmes un goût iodé et salé. Il distille aussi un goût de miel et de caramel. Je le conserve jalousement car je vois mieux ainsi. Les jours de marée parisienne et de grands vents entre les tours de béton, j’ouvre grand l’œil et mon grain lève le voile, et me voilà embarquée sur l’océan auprès de Mon Captain.
Le petit animal est rempli également de graines dans son cerveau, des céréales qui germent les jours de pluie ou des petits pois qui se transforment parfois en purée. De temps en temps, pour aérer ses grains et ses graines, il écrit ou il s’exprime en ouvrant le bec, et s’étonne lui-même de ce qu’il met en mots ou dit.
On peut croire que le sable crisse
On peut croire que le sable roule
On peut croire que le sable s’immisce
Que le sable vit avec la houle
Il n’en est rien
Le sable est un bien
Chaud sur la plage
Et à tout âge
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