Depuis le ponton du BBI retreat, les feuilles se reflètent sur l’onde à la surface de l’eau. Après une rencontre lunaire avec un petit lutin indien, en rêve, je me suis replongée dans cette scène du reflet, à la Narcisse. En parlant de scène, rien à voir avec la nôtre de Seine, dont la pari de Chirac n’a pas été tenu, de pouvoir s’y plonger en toute sécurité sanitaire, mais Paris est toujours là.
J’avais l’intention ferme de dormir sur mes 4 oreilles, composées de mes 2 ouïes habituelles, de mon coccxys et de mon 3ème oeil. Et splatch, 5h de sommeil, à peine, et me voilà on ze foot.
Je ne revisite pas mon voyage, il me visite, sans que je ne vienne lui dire « knock knock ». Ce que je retiens avant tout de l’Inde, c’est ce sentiment de fluidité du présent dans la vie et de la vie dans le présent, d’une sensation d’être de passage comme si c’était un moment d’éternité sans cesse renouvelé.
Je suis mue par une conscience pleine de respiration. Je vois, j’écoute, j’observe une mutation du dedans qui englobe le reste ou du reste qui ne fait qu’un avec le dedans.
Comment ne pas rentrer transformée ?
Ecoutez les sons de la nature et les chants des oiseaux qui font écho aux prières des différentes religions, et votre ouïe malaxera toutes ces notes sans trop savoir si le silence est là pour ponctuer la vie ou pour préparer autre chose.
Goûtez les saveurs et la fraicheur des légumes, des épices, des fruits frais ou confits, et l’alchimie de la composition de leurs plats, qui finissent par exploser en bouche. Le nez, et votre appareil digestif seront mis à contribution car manger en dégustant rapproche du jardinier et du cuisinier, loin de la démonstration, et de l’exercice de style.
Ouvrez votre regard, découvrez la nature, la ville et les Hommes dans leur environnement, leur manière d’être et de respirer, de marcher, d’entrer en contact avec vous, et vos trois yeux verront autrement, derrière les apparences, et le visible.
Légère et profonde, ancrée et aérienne, la vie s’insinue et nous stimule en Inde. On y devient vivant, en effleurant par petites touches, l’être, l’être soi. Car, jour et nuit, nous sommes en éveil, on apprend à devenir ce que l’on est, et à dépasser les contraintes imaginaires du temps, et de l’espace. On est saisi par une évidence, l’évidence de vivre sa vie comme un don, à prendre en son entier, comme si tout pouvait s’arrêter en 1 fraction de seconde.
Ouvrons nos sens, c’est maintenant que ça se passe, l’éveil ça passe aussi par les 4 oreilles.