A quoi sert de courir après le temps ? Telle Alice, je vis ici et ailleurs, et le temps n’a pas d’importance, il est comme suspendu, hors champ. Sans montre ni démonstration, je cristallise une forme et un fond de vie à Paris tout en visualisant une autre vie au Japon. Le point de départ sera Tokyo la plus grosse agglomération au monde, 36 millions d’habitants dont 12 intra-muros sur une superficie 20 fois plus importante que Paris : 2.000 km2 versus 100, composée de 23 arrondissements. Je choisis un vieux quartier chargé d’histoires, d’universités et de jardins, Ueno, pour que la transition soit douce. L’été, là-bas, c’est l’époque des festivals et des typhons, il y fait très chaud et humide. Je crois que le Kansai s’impose. En prenant le Shinkansen, direction Kyoto, je choisirai une fenêtre côté droit, pour apercevoir le Mont Fuji. Ce train des années 60 d’une précision d’horloger assure les 510 km de distance en 2h20, et parfois, notre TGV fait mieux ! Le service relève du grand art au Japon y compris dans le train. Le plateau repas, ou ekiben, diffère suivant les villes et les gares où il fait halte. Chaque boîte est un objet artisanal en soi et les mets préparés, un moment de découverte et de plaisir pour les sens.
Puis, je ferai un détour dans la ville impériale qui précéda l’ère d’Edo : Kyoto et ses 17 sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, plus de 2.000 temples bouddhiques et shintoïstes, recouverte de jardins secs ou pas, à couper le souffle, et hébergeant des geishas, qui, de jour, comme de nuit, déambulent et invitent à rêver les yeux ouverts, à croire à une rencontre possible et nécessaire du réel et de l’imaginaire. Ensuite, direction la mer intérieure, les films d’Ozu en tête, en passant par Osaka, son château de bois, sa frénésie et sa modernité, 3ème plus grosse ville du pays, et ses spécialités culinaires, dont le boeuf de Kobé. De là, je poursuivrai sur la côte vers Kurashiki, la Venise japonaise, et Fukuyama, en dérivant vers son vieux port de pêche, Tomonoura, avant de reprendre le train vers Hiroshima, parce que, et enfin Miyajimaguchi au bout d’Honshu. Et de là, je prendrai le ferry, en direction de Myiajima, connue pour son célèbre Torii rouge, cette porte bouddhique qui symbolise le passage d’un monde à l’autre et surtout, parce que en posant les pieds ici, j’aborderai l’île de Shikoku, l’île aux 88 temples bouddhiques. C’est un lieu de pèlerinage qui invite à la réflexion, comme les chemins de Compostelle en Europe, ou d’autres encore. Je prendrai le train aussi sur cette île, au plus près de la côte, pour regarder la mer intérieure de Seto, sous son autre face, sans trop être remuée par le rythme de la locomotive, pas si sûre…Enfin, le clou en matière de délire artistique sera, je présume, Naoshima. On peut dormir sur cette toute petite île musée, aux côtés d’oeuvres des plus grands peintres de l’histoire de notre ère. Et, oui les Japonais ne manquent pas d’air, peut-être est-ce pour cela qu’Antigonegone se sent japonaise et jamais bridée !
Waouh, le temps est venu de goûter quelques sushis et de se promener avec une paire de geta rue Ste Anne en se laissant porter par le Japon à Paris.
Il dit : je ne sais pas, je n’y suis pas !
Elle dit: comment savoir ? En y allant ?
Il dit: certes ! Mais ce n’est pas suffisant, il faut y réver aussi.
Elle dit: je veux bien y réver et y aller.
Il dit : nous serons deux !
Elle dit: toi et moi ?
Il dit: ainsi nous ne serons qu’un !
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Mon Captain Emily dit et Antigone gone is on
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