En passant je regarde autour, avec une approche globale du mouvement, mon déhanché ne dénote pas sur le portrait du monde. Etrange spirale, soudain le tout synchrone et homogène s’efface pour laisser place à la singularité d’une rencontre, qui me saisit en retour, une forme de sortie de route, ou quand un électron tire un autre électron de sa réaction en chaîne. Je suis alors comme figée, tenue en suspension. Je pédale dans le vide, hors de l’automobile du temps et me surprends à sourire, les quatre fers en l’air, les pieds pris dans le tapis. Je comprends à ces instants ce qu’est qu’être vivante, grâce à cette sensation, du vif et du ralenti, qui ne se voit pas à l’oeil nu mais qui se ressent. Je ne sais ce qui provoque cette rupture spatio temporelle, qui me met à nu et m’étourdit. Peut-être est-ce une bulle de CO2 qui serait sortie du cerveau de l’Autre et qui aurait fait fi de respecter les quotas d’oxygène ? Je remonte à la surface, sans narcose, en franchissant les paliers tranquillement, je respire un air inconnu, et me resserre sur une ligne horizontale, sans frontière, animée par un seul but, mettre sur orbite nos êtres insaisissables, connecter nos bras en forme d’étoile, et développer la résilience à l’absence.
En passant je regarde autour, l’Autre est là, tapi partout sur les surfaces visibles et invisibles, et re-découvre la racine du balancement qui me porte en avant. J’intègre une approche globale du mouvement, différenciée, jamais la même, la synchronisation du temps et de l’espace vient et repart par intermittence. Sans annonce aucune, j’entends Cendrillon qui freine pour arrêter son carrosse et venir me caresser les plumes…puis, je comprends qu’elle était de passage et disparaît. Toute ébouriffée, je me réveille avec ma chouette sur l’oreiller, qui, tout en me faisant des crunch crunch dans les cheveux, hulule « Antigone tu bois trop de ce thé à l’Aneth étoilé » !