Aujourd’hui, c’était et c’est encore, pour à peine deux heures, dimanche. A Kyoto, les familles, réduites parfois à un être humain, vont au temple. Et comme il paraît qu’au pays du soleil levant, on nait shintoiste et qu’on meurt bouddhiste, eh bien je suis allée à la rencontre de femmes d’hommes et d’enfants japonais, sur la promenade de la Philosophie, au nord est de Kyoto dans les temples et jardins bouddhistes.
Pour commencer, j’ai pris le bus, tout l’inverse de Paris. Ici, on fait la queue sans resquiller, puis on monte par l’arrière et on descend en passant devant le chauffeur pour mettre les pièces dans une boîte, sous son œil attentif.
Ensuite, les passagers du bus numéro 100 et moi, sommes arrivés au terminus, à savoir, le Temple d’Argent, pour entamer ce parcours mythique et somme toute assez tranquille, d’un temple à l’autre. Le Ginkakuji revêt un toit qui pourrait laisser croire qu’il est couvert d’argent, ce qui n’est pas le cas, contrairement au Pavillon d’Or certi de feuilles du métal précieux. De là, j’ai marché vers le Honen In, que j’ai beaucoup aimé car il était emprunt d’un rare recueillement et que c’est un temple doté d’un très beau jardin et de sanctuaires familiaux. Sans trop m’y attendre, je me retrouve, nez à nez, avec un panneau d’affichage nous informant que des singes peuvent venir aussi nous faire une surprise. J’avoue qu’une affichette est moins inquiétante qu’un véritable singe, toutefois à un certain moment j’ai fait demi tour car j’étais surtout entourée de végétations, et de morts. Plus tôt, dans ce même lieu, j’avais entendu et vu un homme qui hurlait, assis, et je m’étais dit, soit il invoquait un dieu soit il appelait les singes… Il était temps de tailler la route !
Enfin, un autre lieu mémorable fut le temple d’Eikando Zenrinji, sa pagode, ses peintures et son jardin sec composé de sable et d’arbres nains admirablement taillés. Les moines beaux et jeunes nous accueillaient à l’entrée sans trop se montrer. J’ai aperçu leur tête derrière une porte ouverte sur la partie haute. Il fallait enlever ses chaussures comme dans les autres temples. En montant sur les tatamis des salles de prière ou sur les passerelles en bois, un autre son se dégageait, sourd, grave et profond. Point de tourisme alors, juste le temps léger qui passait. Et les érables japonais commençaient à devenir orangers dans ce jardin. Comment ne pas dire : mes yeux étaient aux anges et oranges…!
Sur ce chemin de la Philosophie, distant de plusieurs kilomètres le long d’un canal, la végétation est verdoyante et les maisons silencieuses, et très anciennes. C’est ici que j’ai découvert une galerie d’art dont je ne me suis pas remise. C’est ici, aussi, dans cette même galerie que j’ai bu un thé matcha au lait tiède vers 11h30 puis un soda maison aux prunes, très frais dans l’après-midi. Mis en avant par cette maison d’artisanat, native de Nagoya, de véritables artistes conçoivent et fabriquent des meubles, des baignoires en bois, du parquet et des escaliers avec de nombreuses essences de bois. Et leurs petits objets (ustensiles de cuisine notamment) atteignent un raffinement qui prouve que l’artisanat relève aussi parfois de l’art.
Le beau s’était invité en ce dimanche, au cours de la promenade de la Philosophie. Et peut-être parce que je me sentais bien, j’ai essayé de photographier des passantes sous leurs ombrelles noires ou blanches mais je ne les sentais pas demandeuses car relativement distantes. Les femmes en noir semblaient porter le deuil, j’ai donc capturé l’instant d’un regard furtif, de loin. Les plus jeunes femmes saisies dans le quartier de Gion semblaient à l’inverse heureuses de vivre et le laissaient voir. Enfin, la dernière photo que j’ai mise en avant de l’article et à la fin, l’alpha et l’oméga, elle me plaît beaucoup, elle me parle tant, tout y est. Cette vieille dame et ce jeune homme étaient paisiblement installés sur la promenade de la Philosophie.