Le dimanche c’est LE jour de déconnexion du corps, le temps idéal pour le gommage, en attendant de se faire dégommer ou de dégommer l’autre car la réplique est vite venue. La joute verbale mérite toujours de s’entretenir la peau. Il est déconseillé d’en venir aux mains car ça laisse des traces sur l’épiderme.
C’est aussi le moment de se dépoiler entre deux parties de poilade avec les copains copines. Le fait de rire me régénère et fait pousser mes poils plus vite. Poilade et dépoilage sont les deux mamelles de ma vie.
C’est également un instant privilégié de curiosité dans mon cabinet. Ça commence par la douche, les grandes eaux de Versailles. Puis, pour que le geste soit beau, j’applique avec concentration et concision un petit bout de crème sur chaque parcelle de peau de mon visage, l’œil collé au miroir. Parfois, j’ai peur, et je me pose sur mon cabinet de toilette pour que la curiosité ne s’insinue plus dans un œil, qui, par ricochet, observe l’autre œil dans le reflet du miroir. J’évalue et j’évacue, je sonde en altitude et je laisse mes pensées se dessiner verticalement. Je détache du papier toilette du rouleau et le récit de mes yeux, observant observé, se perd au fond de la cuvette. Je tire la chasse d’eau et c’est parti dans les oubliettes.
Que mettre dans les oubliettes ?
Les amours tristes
Les moments amers
Les jours de merde
Les regards méchants
Les cris et les hurlements
Les mots incompris
Les mélodies qui n’en sont pas
Les larmes de désarrois
Et tout ce qui ne plait pas
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Que mettre dans les oubliettes ?
Les amours tristes
Les moments amers
Les jours de merde
Les regards méchants
Les cris et les hurlements
Les mots incompris
Les mélodies qui n’en sont pas
Les larmes de désarrois
Et tout ce qui ne plait pas
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Et aussi les amours heureuses et les moments de joie avec un ami, car par le siphon remonte toujours le meilleur qui n’a pas de mauvaises odeurs mais la fragrance d’un éternel printemps
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