La fraise sort du bois en titubant, la fraise boit. Il pleut, les Tropiques se sont déplacés jusque dans le Loir-et-Cher. Le soleil perce les feuilles d’un acacia mordoré. Du miel coule des frondaisons, les abeilles ont revêtu leur combinaison en Néoprène. Un petit être mi-Homme mi-animal se délecte en regardant les gouttes s’étirer depuis les nuages. Ce bipède poilu savoure le moment, les yeux écarquillés, zigzaguant entre ces lianes imaginaires, mû par les odeurs d’humus. Il est présent au monde qui l’irrigue en retour. Au milieu de ce tissu naturel, il se sent pousser comme l’herbe. Son sang résonne et sonne comme les gouttes d’eau sur le sol. Il marche pieds nus, ses chaussures à bascule l’aident à s’accrocher à la terre ronde. Il se sent blonde, comme les blés, il ondule, c’est bientôt l’été. La vague lui remue les oreilles. L’animal en lui sommeille. Il murmure et chante sans voix. Il mue, il est muet, il est heureux, recouvert de rien qu’un peu de pluie et de fraises des bois…Il boit la vie, il rit, il se sent épi, il est au centre de son rayon vert, il jouit l’étincelle enfouie. Son cœur bat de la semelle. La pluie s’est évaporée.