Ce matin, il a continué de pleuvoir et la température a bien baissé à Chicago. J’ai appris avant le concert au Chicago Cultural Center que Chicago signifiait « stinky city », ville qui pue, car avant la construction de la ville, lorsque ce n’était que des champs, la culture locale était l’oignon. J’ai également compris qu’un des défenseurs de la conservation de l’immeuble du CCC et du dôme de Tiffany’s qui a menacé d’être détruit pour des raisons de rentabilité financière était présent au concert et était quelqu’un de très respectable. Dans les années 60, de nombreuses manifestations anti-Vietnam se sont déroulées à Chicago. C’est une ville à part, plus provinciale que New York city, les magasins ferment tôt, les restaurants vers 3h du matin mais pas d’horaire de type 24×24. Il y a un art de vivre, un compromis entre travail, culture et activités de plein air avec recherche d’une nourriture saine.
Au CCC ce midi, le concert fut très beau, je ne connaissais pas la 1ère rhapsodie pour clarinette et piano de Debussy qu’il a composée pour un concours du conservatoire de Paris en 1909 et qui rend hommage au jazz. Quant à la sonate pour clarinette et piano de Poulenc, qu’il a écrite en 1963 peu avant sa mort, elle est d’une grande profondeur. Ravel n’est pas loin. En milieu de programme, les deux jeunes femmes ont interprété une œuvre de l’une d’entre elle. Les deux composent et jouent ensemble régulièrement. Elles sont de New York. D’ailleurs, nous les avons retrouvées en tenue de tous les jours au Art Institute et avons échangé avec l’une d’entre elles. Car, nous avons surtout passé notre temps à regarder et interpréter l’histoire de l’art réunie dans ce musée riche en collections depuis la civilisation grecque en passant par le moyen-âge, la renaissance italienne et celle du Nord de l’Europe, les peintres espagnols le baroque les impressionnistes les fauves les cubistes les modernes et les autres civilisations byzantines, asiatiques, moyen orientales, arabes américaines. Sculptures (maquettes miniatures des œuvres de Calder et de Picasso et de Dubuffet sises dans la ville) peintures (j’ai adoré les deux portraits de pied en cap de Manet de « Beggar’s représentant des philosophes », des natures mortes de Chardin, des toiles de fin de vie de Cezanne illustrant son importance et son surnom de père du cubisme, des Greco des Goya des Rembrandt et tant d’autres), vitraux ( dont ceux de Chagall), photographies, vidéos…les supports sont nombreux jusqu’à la conservation dans sa forme originelle de la salle aux enchères de la bourse de Chicago qui a été fermée en 1972. L’architecte était Louis Sullivan l’un des fondateurs de l’école de Chicago très inspirée par les Arts Deco et Sullivan a embauché F Lloyd Wright et l’a viré aussi.
Oui, la vie est une question d’interprétation dans les Arts mais aussi dans son rapport au monde, aux autres et à sa propre vie, dixit Mr Bernie Conroy, un sacré bonhomme cultivé soucieux de pouvoir partager son savoir.