Voyage à Londres pour quasi une semaine avec T. l’érudit, le brillant modeste, dont l’humour rentré pince-sans-rire ne dépareille pas de celui des British. T. connaît Londres comme je connais Paris. Il y vient plusieurs fois par an depuis l’âge de 15 ans. Nous avons pris l’eurostar, ce matin assez tôt, il n’était pas plein. Puis à la gare de St Pancras, nous avons rechargé notre carte magnétique Oyster pour pouvoir circuler librement dans le métro et les bus des zones 1-2 soit 35 pounds pour la semaine. De là, nous avons attrapé le bus 390 derrière Kings Cross, direction le quartier d’Islington dans le nord de Londres au-dessus de Camden Town. En descendant du bus, après 20 min d’une circulation fluide vers 11h du matin heure anglaise, soit 1h de moins qu’en France, nous avons exercé nos foulées dans le quartier qui environne Charlie House, notre pension située au 63 Anson Road. Ce neighbourhood, composé de blocks en briques construits il y a une vingtaine d’années et de petites maisons plus anciennes, est calme, résidentiel et très vert.
Pour commencer avec la civilisation urbaine britannique, nous avons pénétré dans un magasin proposant au chaland des objets design, pour l’œil et la vente, des petits articles de décoration délicats puis nous sommes allés prendre dans un coffee shop des double expresso assortis d’un morceau de cake à la banane aux noix et à la rhubarbe. Ce fut un joli moment délicieux confortablement installés à l’intérieur d’une petite cour intérieure, le nez à l’ombre. Puis, nous avons déposé nos affaires à la pension, dans nos chambres situées en sous-sol, pour 40 livres sterling la nuit, petit déjeuner gargantuesque inclus. Cet hôtel sur 4 niveaux depuis le basement jusqu’aux combles est very typical. La chambre revêt un aspect monacal, un lit d’enfant une tv et une toute petite salle de douche. Rien à dire, c’est compact mais respirable loin de l’hôtel capsule de Tokyo. De là, vers midi bien sonné, nous partons à pied et rejoignons Hampstead Heath, un parc de 790 acres, parsemé d’arbres, de chemins plus ou moins bien tracés, de beaux dénivelés recouverts de feuilles mortes, d’herbe et de boue, et surtout de promeneurs anglais et de chiens qui gambadent et s’en donnent à cœur joie lorsqu’ils sont privés de laisse sans oublier les nageurs fous équipés d’un bonnet sur la tête nageant au milieu d’un petit lac. Enfin, c’est quand même l’été indien à Londres, les Anglais se promènent en teeshirt. Et puis, guidés par notre GPS car la signalétique est absente de ce lieu enchanteur, qu’elle n’a pas été notre surprise quand nous nous sommes approchés de la Kenwood House, belle gentilhommière, dominant le parc, et que nous avons croisé Emma Thompson marchant en sens inverse, accompagnée d’une amie, Emma égale à elle-même, parlant, et souriant, les cheveux blancs éclairés par un rayon de soleil, so British. Et dans ce lieu magique, il ne manquait que Merlin puisque nous venions de croiser la fée Morgane. En touristes singletons, nous avons déjeuné au soleil au milieu des Anglais, dans une courette, entourée d’arbres et c’était divin. Soupe de légumes du jour, morceau de pain brun, « pie » aux légumes, roll de morceau de saucisse dans une pâte feuilletée et gâteau au chocolat, le tout fait maison, à se partager pour 20 livres sterling. C’est un endroit sans touriste, fréquenté par la middle et high society. Les gens parlent à pas feutrés, pas de sonnerie intempestive de smartphone, l’accent et la diphtongue lorgnent du côté de la bonne éducation. Ensuite, nous avons marché un certain temps avant de sortir du parc, un peu d’errement mais sans plus, jusqu’à Hampstead, très bobo, charmant, en dévers, traversé par des ruelles fleuries et arborées et en plein cœur du centre l’invite discrète d’une pâtisserie viennoise … Nous nous y sommes arrêtés par hasard alors que T. cherchait le lieu. Remplis d’énergie, nous avons pris la black line jusqu’à Green Park pour que T. puisse acheter des livres d’art rares chez Sims notamment. Le libraire parlait couramment français, la connaissance livresque et jouissive reliait ce monsieur à T., l’admiration était réciproque c’était beau à observer. Toujours dans le même coin, nous avons jeté un œil à la galerie du White Cube posée sur une petit place derrière un passage dérobé. Ce parallélépipède en béton vaut le détour mais les expo ne sont pas toujours top. Nous avons repris nos jambes à notre cou direction Wigmore Street car je voulais voir la salle de concert de musique de chambre de Londres, j’en ai été ravie sans oublier juste à côté la boutique de Margaret Howell designer de vêtements que j’aime beaucoup proposant aussi des objets pour la maison et des livres d’art. Et nous avons marché jusqu’à Soho quartier branché la nuit mais encore bigarré le jour et pris le bus le 134 direction Tufnell Park. Pour terminer la journée il devait être 19h30 20h nous avons déposé notre carcasse dans un pub à la devanture bleue, joliment appelé « Junction ». L’antre est magnifique, recouvert de chêne à l’intérieur et d’un ceiling en plâtre joliment décoré et moulé. La fréquentation est multi CSP, toutes générations confondues, des célibataires, des couples ou des groupes. Nous avons commandé deux pintes d’IPA et des frites, des croquettes de Haddock et des fingers panées de poisson, du cabillaud sans doute. Dès le 1er jour nous avons marché plus de 15 km. Le lit fut doux, le sommeil intense et réparateur.
PS : le métro londonien appelé le tube de par sa forme est recouvert de carreaux en céramique dans ses vieilles stations. C’est un élément du patrimoine qui me remue. Je pense aussi à Churchill qui arpentait le métro en pleine guerre et qui sondait l’opinion du peuple. Le Brexit serait-il le fruit d’un mauvais cauchemar ?