Le vol sur Air France fut on ne plus doux, peu de turbulences, hôtesses adorables, voisines et voisins tranquilles, visionnage d’un documentaire sur Alexander Mc Queen remuant très fort, lecture d’une bio sur l’histoire d’amour entre Marie Laurencin et Nicole Groult, avec description de la vie artistique du Bateau-Lavoir des années 1910 une merveille, 12h sur un nuage et champagne Heidsieck offert en catégorie Economy.
A l’arrivée, hublots remontés, il était à peine 9h du matin et le Mont Fuji semblait se hisser au-dessus des nuages, tel un Prince, à la barbe blanche, fier et respecté.
Les formalités furent réalisées avec célérité, l’ordinateur était accompagné d’un guide, un monsieur retraitable et adorable qui a apprécié mes quelques mots en japonais.
Et puis, j’ai pris un bus direction le quartier central d’Akasaka non loin de Roppongi et d’Aoyama, un endroit résidentiel qui abrite des ambassades, le palais où réside le Prince héritier et le hanamachi (*) le plus célèbre de Tokyo. Et, par un pur hasard le bus revêtait trois caractéristiques qui m’ont inspirée, sa couleur très orange, une grande précision horlogère et l’absence de bruit car nous étions trois passagers, et le moteur avait choisi de rester silencieux. L’équipe au sol pour alimenter les étapes du processus logistique a eu recours à du matériel électronique Panasonic et, le chauffeur plutôt âgé, conduisait avec des gants blancs comme les chauffeurs de taxi ou de tramways, sa chemise immaculée était amidonnée, il ne souriait pas, concentré sur la route assez fluide.
Une bonne heure plus tard, le temps était ensoleillé, l’été rayonne encore ici, et j’avais été déposée tout près de mon hôtel. Je n’ai rien vu ou presque du parcours car pourtant installée au 1er rang du bus, devant une vue imprenable dégagée et splendide sur la baie de Tokyo, j’ai ronflouillé. Autrement dit, je ne conseille pas le vol qui arrive tôt le matin en partant la veille de Paris vers midi. Il est préférable de partir tard le soir vers 22h et d’arriver à la nuit pour dormir dans la foulée.
Une fois les pieds au sol du pays du soleil levant j’ai quand même visité le temple bouddhiste d’Hié, une référence à Tokyo. Il date du 15eme siècle si on se réfère à l’origine de son histoire mais il a été plusieurs fois détruit et reconstruit. Aujourd’hui, une famille endeuillée s’était rassemblée et assistait à une cérémonie funéraire. C’était recueilli et d’une retenue rare. Deux femmes habillées en kimono rose et blanc les ont accueillis puis accompagnés dans le temple qui faisait vibrer son gong comme si une voix les appelait de très loin. Par ailleurs, des enfants en tenue traditionnelle gambadaient et se faisaient prendre en photo par des professionnels, leurs parents semblaient émus. L’atmosphère m’a paru lourde et légère comme le vent, la vie, l’amour.
Et puis, j’ai déjeuné et marché et j’ai dormi un somme et j’ai remangé et remarché. Maintenant c’est la nuit puisqu’il y a 8h de décalage horaire.
(*) « hanamachi » c’est l’endroit où sont élevées et vivent les Geishas on le traduit par rue aux fleurs…