Quand le vert confine au vertige

Marcher c’est un luxe, un art, un moment privilégié de dialectique du bipède avec la nature. Nourrie par la ville, où tout est possible, grand et vertical, plus ou moins réel, et chargé par l’utilité des choses, le petit bout de femme que je suis aspire au calme aussi, et à l’horizontalité des paysages en les traversant tout en étant traversée par chacun d’entre eux. Rejoindre le centre de la terre me permet de sortir de l’axe de la routine urbaine, d’esquisser un retour aux sources, et de reformer le grand écart du petit rat que j’ai été. Juste comme ça, une figure de style qui ne sert à rien qu’à me faire du bien.

Parfois, comme exutoire il suffit que je bois un bon jeune ou vieux whisky pour goûter la beauté du monde, mais là non, pas d’eau de vie, juste de l’eau pour s’hydrater et la Vie, sans germination ni distillation.

L’idée de départ c’était Madère, une île au sud du Portugal à la même latitude que Casablanca. Il y règne un climat tempéré comme en Bretagne, en plus chaud, avec une alternance quotidienne des quatre saisons. C’est donc très vert, mais aussi fleuri, d’où son surnom de « l’île aux fleurs », et volcanique en son sein, même si les caldeiras Verde, et Inferno sont restées silencieuses depuis 650 ans. Pour les cultures de fruits en terrasse, en particulier la banane, l’eau est acheminée par des canaux d’irrigation appelées des « Levadas » creusées par des esclaves africains au 16eme siècle.

La superficie de l’île avoisine les 750 km2 soit 55km de longueur sur 25 km de largeur. Une route côtière permet d’en faire le tour sur 175 km. Les habitants de la forêt car Madère signifie forêt en Portugais sont au nombre de 275000 et quasi la moitié habite la capitale Funchal et une autre grande partie à Machico à côté de l’aéroport. Ce dernier construit sur pilotis, appelle des atterrissages courts, très serrés et met les freins des avions à dur épreuve. L’île est sortie de terre il y a 6/7000 années, bien en amont de cet admirable ouvrage en béton qu’est la piste de Funchal Airport. Les stigmates du temps, les strates de la couche terrestre, impressionnent encore plus, en marchant du côté de la pointe est de l’île, du côté de Sao Lourenço. L’endroit, semi-désertique, laisse peu de place aux fleurs mais la vue suspend le souffle.

Et puis, il y a la magie de l’enfance, Merlin l’Enchanteur n’est pas loin, celle de pouvoir sillonner la forêt primaire, au cœur de l’île, classée patrimoine mondiale de l’UNESCO. La végétation se répand, très dense, elle brille, verdoie, luxuriante comme dans les pays tropicaux voire inquiétante et sombre. Elle s’épanouit encore plus lorsque les trombes d’eau jouent de concert avec les cascades. Des chemins de pierre voisinent avec les Levadas c’est très beau.

Enfin, nous avons marché et traversé des cultures en terrasses ainsi que le chemin de la côte du nord de l’Ilha, après avoir longé la Levada de Caniçal pour rejoindre Porto Da Cruz et son front de mer.

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Les insulaires sont accueillants etgentils. Le tourisme est la première activité de l’île puis viennent le vin de Madère, les fruits les bananes la papaye …et le poisson le thon, le sabre noir.

C’est un lieu de paradis pour les randonneurs qui culmine à 1862 m avec le Pico Ruivo. Parfois, le vert confine au vertige et c’est la chute.

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