Pour une fois, je ne vous raconterai pas l’histoire de ce film admirable français signé Céline Sciamma « portrait de la jeune fille en feu » que j’ai vu en fin de matinée au Louxor. Pas très réveillée, je me suis d’abord trompée de salle, première fois que cela m’arrive ! Les actrices sont prodigieuses, la photographie magnifique, la mise en scène, la narration et les dialogues sont de toute beauté de même que les costumes, et les décors. La musique est peu présente, elle ponctue les silences et les moments clés jusqu’à la scène finale, un plan rapproché dans un balcon du théâtre de la Scala qui résume tout du film et peut-être de la vie !
« Ne regrettez pas, souvenez-vous »…fil rouge en référence au mythe d’Orphée et Eurydice, prend tout son sens dans ce film qui (dé)peint l’amour. La palette d’Elisabeth Vigée Le Brun participe de notre voyage à la fin du 18ème siècle sur une île bretonne au large de la presqu’île de Quiberon.
Possible et fatal, brut et élégant, révolté et soumis, vivant et déjà mort, passionné et raisonné, l’amour revêt plusieurs visages car il est tout cela à la fois, c’est une question de moment, de rencontre, de regard de l’autre sur soi et inversement, et de mémoire. Et ce qui est particulièrement réussi dans ce film rare, c’est comment la cinéaste accompagnée de ses actrices a su montrer sans démontrer. Outre l’importance du regard et de savoir regarder en acceptant d’être observé à son tour, la question du point de vue amoureux y est parfaitement bien posée. Quel amoureux sommes-nous ou voulons-nous être… le point de vue de l’amoureux en quête de la réalité de l’amour avec l’autre, sans cesse recommencé, ou celui du poète qui se souvient de l’être aimé, tel Orphée qui voit son amour figé pour l’éternité ?
Cliquer pour accéder à dp-feu-fr-def.pdf