Quand Crystal (Pite) s’installe sous la coupole de Chagall…le Champagne coule à flot, et révèle la part animale des danseurs de l’Opéra de Paris. Cette (ré)création, intitulée « body and soul » et imaginée par la danseuse chorégraphe canadienne Crystal Pite remue l’âme et bouscule le cœur qu’il nous reste, surtout au 1er acte. Pendant le 2eme acte, on réalise que ce n’est pas grave, qu’on est à Garnier et que ce sont des danseurs d’exception, qui sous nos yeux, exécutent parfaitement des pas de deux, en solo ou en groupe, sur une base romantique et classique, au rythme de préludes de Chopin interprétés par Martha Argerich.
Difficile de dire, le mieux est d’aller voir et ressentir. Les variations du 1er acte entre 2 êtres, figure 1 et figure 2, ressemblent à des études, à un format pas du tout classique et encore moins romantique sur l’infini de l’amour et de ses représentations. C’est le point d’orgue à mes yeux. Tout est là, l’intime, le groupe, la répétition, la lassitude, le rapport de force, l’attraction, la séparation, la conciliation, la mort. Les corps ne mentent pas. La voix de Marina Hands obsessionnelle doublée de la musique d’Owen Belton renforce l’intensité de ces figures qui vont chercher du côté de la pantomime, de la street dance et de la performance physique.
Le dernier acte lorgne du côté de la SF, une fin en apothéose réunissant des insectes aux allures de mantes religieuses, et le 1er Homme, nu, très poilu. Alors, les corps ne se touchent et ne se frôlent plus. Les bras prolongés par des lames n’embrassent plus. Le 1er des Hommes évolue seul au milieu de ces insectes froids sauf que l’esprit est festif, alors l’âme n’a plus d’importance et les corps ?
En résumé, « Body and Soul » touche et fait mouche. Et Crystal revient en juin avec le NDT. Indispensable !