Encore plus ce soir, j’ai le sentiment d’être ailleurs, et pourtant je suis ici, sur le papier, en Europe, à 1h en avion de Paris. L’opéra était dingue, comme si Tim Burton avait donné rendez-vous à Mozart. Une mise en scène gothique, très années 20 avec en guests, Nosferatu et Buster Keaton, et pour ajouter à la confusion un chat, omniprésent, des éléphants roses et du sang, et des machines surréalistes ou Dada, du grand délire… Ça « cartoonait » à max et ce n’était pas du goût des plus vieux dans la salle, mais les jeunes accompagnés de leur professeur, qui semblaient venir à l’opéra pour la 1ère fois, ont souvent applaudi à contre-temps et, ont adoré. Moi aussi, j’ai beaucoup aimé même si je n’ai plus l’âge de la découverte. Mais cette mise en scène en était une. Si cette version de la Magic Flute existe en DVD, surtout n’hésitez pas, c’est la crème de la crème. Et les chanteurs de ce soir nous ont offert de la chantilly !
Et puis, j’ai pris le train, le moins rapide, et c’était un autre moment de théâtre, un autre monde. Dans le même wagon, cohabitaient, sans difficultés apparentes, des vélocyclistes bien équipés sexagénaires, des jeunes blacks, blaguants, mignons, un peu frimeurs et deux nanas qui s’embrassaient sans parler des bandes de copains de tous styles, avec capuches ou propres sur eux. Qu’ils se tiennent debout comme moi, proches des portes ou assis, tout ce petit monde vivait, ensemble ou côte à côte, tranquille, sans jugement, sans animosité. Et c’était vachement bien, relaxant !
