Le Consort (# qu’on sorte)

Aujourd’hui, ne serait-ce pas une saison au Paradis à l’heure où Vivaldi se déplie dans l’écrin acajou de la salle de musique de la Maison Ronde ? Le « prete rosso » a écrit pas moins de 500 concertos pour l’essentiel à destination du violon, un peu moins pour le violoncelle ou le clavecin. Il composait pour ses élèves, de jeunes orphelines de l’Ospedalle della Pieta, pour 1, 2, 3 ou 4 violons. Stravinsky disait de lui qu’il avait écrit 500 fois le même concerto, il n’en est pas moins enterré au cimetière de San Michele au nord de Venise. Quant à Bach, il a repris nombre de ses concerti, en particulier l’Estro Armonico, le final du concert de ce dimanche printanier estival.

J’avais, comme bien des amateurs de musique, rendez-vous avec l’ensemble « Le Consort », qui, cet après-midi réunissait 9 violonistes, 1 altiste, 2 violoncellistes, 1 contre-bassiste et 1 claveciniste. Ils ont ouvert le concert avec Telemann, son concerto pour 4 violons en sol majeur TWV 40:201. Une œuvre intimiste au commencement, 4 violons soli, le temps du 1er mouvement puis l’ensemble a joué d’une seule voix et une joie communicative s’est installée pendant 2 heures.

Corelli puis Vivaldi complètent l’affiche. Bienvenue au coeur de la Sérénissime, la musique y est baroque, simple et complexe, offerte pour soi et pour le.plus grand nombre, et le soleil soulève le rideau du 4ème mur pour mieux éclairer notre coeur dans la salle noire ébène.

Le concert a été enregistré, il est programmé à 20h sur France Musique, le mardi 27 juin. Belle écoute, il n’y a rien de plus beau en musique ou tout court !

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Ver erat…

Ver erat (c’était le printemps), c’est par ces mots que l’œuvre poétique de Rimbaud naquit à l’âge de 14 ans, c’est aussi le printemps aujourd’hui et la fête des mamans. Bonne fête maman !

Dans un square du 16ème arrondissement, à quelques encablures de 2 rues où l’Art Nouveau a laissé des traces, j’écoute les fontaines et le clapotis de l’eau qui murmure « elle est retrouvée, quoi, l’éternité. C’est la mer allée, avec le soleil … »

Le choix de Momo d’Ohad Naharin

Tout est dit dans cette création de 2022 d’Ohad Naharin ou plutôt des danseurs de la Batsheva Company de Tel Aviv qu’il a laissés à la manœuvre de la chorégraphie.

Imaginez 4 danseurs habillés d’un pantalon baggy gris, torses et pieds nus, à l’unisson, entrant sur la scène, en file indienne, sous la lumière, pendant que les spectateurs s’installent encore. Ils marchent lentement, et sereinement, le bras gauche plié dans le dos, le droit, droit le long du corps. Le mouvement est donné, ils ne font qu’un et la musique envoûtante orientale nous embarque tous.

Puis, 3 danseurs et 4 danseuses avancent séparément, chacun compose ou plutôt décompose sa chorégraphie, des mouvements saccadés, la torture mentale transpire sous ses corps. Ces 7 danseurs représentent l’antithèse ou une autre forme de l’harmonie qui se poursuit en parallèle, impulsée par le groupe des 4 premiers danseurs. Si les 4 baggy men incarnent peut-être l’ordre, la loi, l’armée, car ils sont très physiques et athlétiques, et reproduisent les mêmes gestes, s’entraînent et s’entraident, les 7 autres représentent la diversité des femmes et des hommes avec un nombre de femmes supérieur à celui des hommes.

A un moment, vers la fin, les 2 formations s’inversent. Les adeptes de l’harmonie apparente et du mimétisme partent en vrille et les individualités déstructurées se rapprochent et finissent par esquisser les mêmes mouvements.

Un fond noir sert de mur des lamentations et de mur de varappe en même temps. Les danseurs y grimpent, disparaissent et reviennent sur le devant de la scène, par 4 ou par 7, alignés ou désynchronisés.

Tous se croisent, s’assemblent, se décroisent, ils tombent et se relèvent. In fine, les êtres qui pratiquaient le mimétisme restent ensemble, et les individualités qui semblaient se trouver un binôme se désagrègent et repartent seules.

C’est du grand Ohad Naharin. Il reste des places et c’est jusqu’au 3 juin à la Halle de la Villette.

Il n’y a pas de mots, il y a Momo !

Hommage à Geneviève Thibault de Chambure : un moment suspendu

25 mai 2023, 20h, dans l’amphithéâtre de la Cité de la Musique (200 places), à proximité du Conservatoire National Supérieur de Musique et de la Philharmonie, se réunissaient quatre grands noms de la musique ancienne, pour un concert hommage à Geneviève Thibault de Chambure. Cette mécène érudite a soutenu la musique baroque notamment en organisant des concerts, pendant les années 20 puis de 1952 à 1975, dans son hôtel de Neuilly, avec son association la Société de Musique d’Autrefois. Elle a ainsi acquis pendant son existence et légué à l’Etat, 630 manuscrits rares, et 730 instruments de musique ancienne dont un clavecin Ruckers de 1646.

Hier soir donc, Jordi Savall, William Christie et Christophe Coin qui ont participé à ses soirées musicales, il y a une cinquantaine d’années, ont joué ensemble sur les instruments de cette grande mécène éclairée. C’était très touchant à plus d’un titre. Le quatrième musicien n’avait pas trente ans, il s’agit de Justin Taylor, un claveciniste tout en finesse qui a joué en duo avec Bill (William Christie) du Couperin, du Rameau, … et qui a annoncé qu’ils s’étaient pris d’amitié en préparant ce concert et que la semaine prochaine ils allaient enregistrer un album ensemble.

Les deux violistes Jordi Savall et Christophe Coin étaient extraordinaires de modestie. Jordi a fait part de ses difficultés en passant de l’instrument très ancien de la donatrice à sa viole de gambe récemment conçue par un luthier. Il s’est arrêté net en souriant et en expliquant qu’il s’était emmêlé les pinceaux sur son manche, tout le monde a ri et il est reparti.

Et, puis, lorsque Christophe Coin a joué un Rondo de Marin Marais, récemment découvert dans un manuscrit de Villeneuve un des élèves de Marais, Jordi s’est éclipsé, et s’est assis derrière l’un des deux clavecins. Nous le devinions, ravi d’écouter son confrère, dans l’ombre de ce bel instrument et de son ami. Et lorsque Christophe a joué la dernière note et qu’il s’est levé puis incliné devant le public qui l’applaudissait, chacun a pu observer qu’il cherchait Jordi dans le silence avec ses yeux sourcilleux, …il attendait son ami musicien pour un duo et ce dernier tardait à apparaître. C’était drôle, on aurait dit une partie de cache-cache. Jordi a contourné le clavecin et est apparu tout souriant comme un enfant !

Repos dominical avant mon vol international

Derniers instants familiers, dans le quartier de Stadtmitte, sur l’herbe, le cul posé, au milieu du petit jardin, en face de la laverie, à quelques encablures du restaurant Yabase. L’air frissonne, les enfants jouent, une couette de côté, pendant que les adultes délient et relient leurs langues. Je suis le mouvement des balançoires et des parents attentifs. Les ballons roulent et les trottinettes crissent sur les pavés. Une petite araignée agile se faufile frénétiquement sur mon blouson puis sur mon sac à dos. Mon regard est happé par cette petite bête audacieuse et pleine de vie ! Il fait beau, l’ombre est rare, les avions me rappellent à une réalité prochaine. Ça chuchote et ça crie, ça babille et ça pleure, la vie allemande n’a rien d’allemand. L’air passe dans mon chemisier vert, mes pensées vagabondent pour se rapprocher des nuages, et je me murmure « Ich bin ein Düsseldorfer » (avec une modestie non dissimulée), en plein rêve éveillé !

Königsallee les Champs Elysées de Düsseldorf

Après avoir foulé le tapis vert des jardins, ce matin, au milieu des herbes, plus ou moins hautes et folles, et des arbres d’essences multiples, je retrouve le bitume et Königsallee, l’avenue des belles boutiques de la ville, comparée aux Champs Elysées. Hermès Dior et d’autres encore y ont élu domicile. Pas un magasin d’ouvert comme jeudi, heureusement quelques brasseries et pâtisseries ne rompent pas le service, Heinemann en fait partie. Leur langue de chat se croque avec les dents de lait depuis longtemps glissées sous l’oreiller…

Cecilienallee vers le nord en remontant le Rhin

Dimanche 21 mai 2023, dernier jour du WE prolongé à Düsseldorf, je choisis de fouler l’herbe au milieu des arbres des parcs nombreux qui se succèdent le long du Rhin en direction de Nordpark. Des joggers, des cyclistes, des marcheurs, des joueurs de baseball, des footballeurs, des déambulateurs, des enfants et des chiens, ils sont tous là. Le pas léger ou branlant, le tapis vert invite à se défouler au grand air.

Je suis passée par un cimetière et j’ai longé le Rhin vert en regardant les barges de GNL et autres containers qui venaient de loin.

Les familles et les amis réunis autour d’une balle ou d’une nappe donnaient le rythme. J’ai pris le pas pour atteindre le jardin japonais de Nordpark plus ou moins entretenu. Bientôt, le monde s’est concentré, de plus en plus de monde, sur les chemins, les allées et contre-allées, c’était le moment de retrouver le coeur de la ville.

Loin du soleil et du ciel voilé, j’ai cherché ma brasserie du 1er jour, Uerige. Un morceau de boudin noir, accompagné d’une bière puis un morceau de Mainzer pour reprendre forme ! La pause à l’intérieur du vieux bâtiment me fait un bien fou, comme cette très belle promenade du côté vert du Rhin.

Le symbole de Düsseldorf

YABASE un restaurant japonais de Düsseldorf qui vous emporte loin de la base ya !

Pour accéder à cet endroit réputé comme étant le meilleur restaurant japonais de Düsseldorf, j’avais réservé, et je suis arrivée à l’heure soit 18h. La situation était simple, une place au bar, devant les jeunes cuisiniers experts en sushis et sashimis. J’ai pris le menu ad hoc précédé d’une soupe miso, accompagné d’un thé vert et d’un saké froid. J’ai demandé un extra à la main du chef et il a choisi le « toro » c’est-à-dire cette partie du thon, toute exiguë, située dans le cou, à la fois persillée et goûteuse. C’était plus que très très bon.

La soupe miso
Du Yellow Tail et du Thon rouge
Le « toro » olé !

Kanpai sak(r)é bleu !

Art brut, loin de la fureur du monde, dans un jardin de Stadtmitte

Ce matin, détour par l’église, Santa Maria Emphängnis, dotée de très beaux vitraux contemporains, pour y déposer une bougie, puis retrouvailles avec Kyoko pour un brunch dans l’une des meilleures pâtisseries de la ville, Heinemann. Ensuite, découverte du marché couvert, environ 4 fois la surface des enfants rouges à Paris, avec des produits allant du poisson à la viande, cuisinés sur place, en passant par des fallafels, des plats italiens, des tapas des vins au verre, principalement du Riesling et de belles viennoiseries et pâtisseries. Nous avons dégusté avec nos yeux ! Et, départ de Kyoko pour Francfort, sans oublier les dernières photos souvenirs de nous 2 dans son hôtel.

Quelques dizaines de milliers de pas plus tard, l’heure est venue de déposer mon squelette sur un banc devant une tête d’art brut, dans un jardin d’enfants, en plein Stadtmitte, sans oublier le bien fait sur le chemin, d’un petit gâteau coréen crémeux et délicieux acheté à la Bakery Taka sur les conseils de K.

Dans un autre monde

Encore plus ce soir, j’ai le sentiment d’être ailleurs, et pourtant je suis ici, sur le papier, en Europe, à 1h en avion de Paris. L’opéra était dingue, comme si Tim Burton avait donné rendez-vous à Mozart. Une mise en scène gothique, très années 20 avec en guests, Nosferatu et Buster Keaton, et pour ajouter à la confusion un chat, omniprésent, des éléphants roses et du sang, et des machines surréalistes ou Dada, du grand délire… Ça « cartoonait » à max et ce n’était pas du goût des plus vieux dans la salle, mais les jeunes accompagnés de leur professeur, qui semblaient venir à l’opéra pour la 1ère fois, ont souvent applaudi à contre-temps et, ont adoré. Moi aussi, j’ai beaucoup aimé même si je n’ai plus l’âge de la découverte. Mais cette mise en scène en était une. Si cette version de la Magic Flute existe en DVD, surtout n’hésitez pas, c’est la crème de la crème. Et les chanteurs de ce soir nous ont offert de la chantilly !

Et puis, j’ai pris le train, le moins rapide, et c’était un autre moment de théâtre, un autre monde. Dans le même wagon, cohabitaient, sans difficultés apparentes, des vélocyclistes bien équipés sexagénaires, des jeunes blacks, blaguants, mignons, un peu frimeurs et deux nanas qui s’embrassaient sans parler des bandes de copains de tous styles, avec capuches ou propres sur eux. Qu’ils se tiennent debout comme moi, proches des portes ou assis, tout ce petit monde vivait, ensemble ou côte à côte, tranquille, sans jugement, sans animosité. Et c’était vachement bien, relaxant !

Impossible de ne pas aller écouter voir un opéra allemand

Et ce sera un des plus beaux et symboliques …la flûte enchantée de Mozart dans une version renversante d’après ce que j’ai lu. La mise en scène est signée par Barrie Kosky, le lien vers un site anglais suit.

De la musique avant toute chose… Verlaine et la poésie m’accompagnent.

https://www.19-27.co.uk/the-magic-flute

L’opéra de Duisburg
Les 5 arcs de Bernar Venet
Petite pause d’eau gazeuse sur une terrasse tout à côté
Une des frises de la façade de l’opéra

Suite de mes pérégrinations dans « Stadtmitte » et rencontre avec Kyoko

J’ai pris mon temps, pour découvrir le quartier, et réserver dans les restaurants que Sophie m’a dit indiqués. Hormis pour le spécialiste de Soba (pâtes de sarrasin) qui ne prend pas de réservation. J’y suis allée comme tout le monde, j’ai fait la queue. Et au moment de rentrer, alors que la responsable demandait combien j’étais, j’ai répondu « 1 » en anglais et hop, Kyoko, japonaise vivant à Francfort depuis plus de 15 ans n’a pas arrêté de me parler et moi aussi, en anglais en français et en japonais ! Nous étions côte à côte au restaurant. Sa maman aussi parle anglais, elle était professeur et vit à Kobe. C’était merveilleux. Et ensuite, nous nous sommes promenées dans le quartier et dans des supérettes japonaises, elle m’a donné un cours sur les ingrédients pour faire une soupe miso et d’autres plats… Nous nous sommes dits « Matane » c’est-à-dire à bientôt !

Stadtmitte le début d’un mythe

Étrange matinée, alors que je viens de quitter Kyoko et de lui dire « Matane » c’est-à-dire à bientôt en japonais. J’avais décidé, en posant le pied par terre, ce matin, de m’immerger dans le quartier japonais de Düsseldorf « Stadtmitte » qui s’est formé dans les années 70. Je l’avais effleuré, hier, alors que tout était fermé et j’avais aperçu cette laverie publique fraîchement équipée d’un mobilier industriel. J’y suis allée aujourd’hui, et à peine j’ai franchi la porte que j’ai fait la rencontre d’Alan, Australien, retraité de l’armée britannique, et amoureux de la France, et de Sophie, une thaïlandaise vivant à Düsseldorf. Nous avons échangé longuement. Et puis, j’ai donné quelques explications sur Paris à Alan et Sophie m’a fait part de ses meilleures adresses de restaurants japonais à Stadtmitte. Ça s’est terminé par 2 photos devant les machines à laver. Je me suis replongée 40 ans en arrière ou presque dans le film « My Beautiful Laundrette » de Stephen Frears avec le génial Daniel Day-Lewis. Et je me suis dit que cette journée s’annonçe bien !

L’oeil sur l’oreille

Ce matin, j’ai l’oeil bien accroché. L’oreille reposée décrochée de l’oreiller. Je danse les fesses sur la banquette devant mon café Nespresso pas tout à fait allemand. Phil Collins parle de 2 coeurs (2 hearts) et mon frère n’est pas loin. Sans musique pas de vie et l’Allemagne c’est un pays qui met encore la musique au coeur de la vie.

Pas de 24.000 pas aujourd’hui en perspective plutôt des sauts de puce à l’oreille car la soirée sera placée sous le signe de la muzzzzziqqqq…

Le K20 un lieu pour se ressourcer

Le K20, rien à voir avec notre G20, est un musée d’art moderne du type du Centre Pompidou, en miniature. Pour autant, j’y ai fait « mes courses » avec les yeux et retrouvé des artistes du 20eme siècle qui me sont chers. Je les ai approchés, nous étions entre nous, quelques gardiens discrets, et le silence. Impossible de résister, j’ai flirté avec Nicolas de Staël, magnifiquement orange, Franz Kline très japonais ou Paul Klee bien barré et d’autres encore Rauschenberg, Braque, Picasso, Bacon…Quelle collection ! L’art c’est la vie et qu’est-ce que ça fait du bien !

Sur une rive du Rh(e)in, je dérive (entre tes reins…)

A Düsseldorf, capitale de la Rhénanie du nord de la Westphalie, au sud de la Ruhr, dans le nord ouest de l’Allemagne, vivent 600 000 âmes (sans l’agglomération). C’est la 7ème plus grosse ville du pays. Les business sont nombreux, quelques exemples Henkel (chimie), E.ON (l’énergie 🙂 et Vodafone (mon frère Jean n’est jamais loin) …Alors que je déambule le museau en l’air, les yeux sur toutes les latitudes et longitudes, je sens venir la chute, irrépressible, ah ah bardet boum. Je me relève, et il est encore tôt le matin ! Mon appareil photo a un peu morflé. Des petits bobos sur les mains et des bleus sous le jeans. Tout va bien.

Après avoir traversé le quartier japonais de « Stadtmitte », qui est le plus important d’Europe (11 000 ressortissants), dans lequel je reviendrai, puis le parc d’Hofgarten qui héberge des familles de canards et d’oies, j’ai longé le Rhin, ou Rhein en Allemand, dans les deux sens et visité le port, très luxe, calme et volupté. Puis, j’ai pris la direction de la vieille ville d' »Altstadt ». Ici aussi, aujourd’hui, c’est un jour férié, car l’Ascension, tout le monde y a droit, vive l’Europe et l’œcuménisme des religions. A noter qu’ici la religion c’est assurément le houblon !

Nota : lorsque j’ai traîné mes guêtres du côté du port, j’ai vécu un moment magique. Un dirigeable passait par là. Il affichait le logo de « Good Year ». Chacun fait ce qu’il pneu 🙂 me suis-je murmurée. Pas sûr que l’année ait bien commencé, l’essentiel est d’avancer. Quant à l’architecture c’est un festival de grands noms et de façades « à tomber ». Un autre point à noter, peu de traduction, l’allemand est roi et ils ne parlent pas super bien anglais.

A cet instant et depuis plus d’un instant d’ailleurs, je me pose enfin, comme les locaux, et je bois une bière brassée sur place, une merveille, une brune, douce goûteuse, parfumée, dans un des 260 bars de la vieille ville. J’ai accompagné ce liquide délicieux d’une currywurst qui apporte des épices comme la vie l’est parfois.

Voyager : embarquer, larguer les amarres, se laisser porter, changer de routes…

Photos de Marc Riboud prises dans les années 60 depuis Pékin ou d’une route entre le Pakistan et l’Afghanistan (expo actuellement à Lyon aux musées des confluences)

Être punk en 2023 qu’est-ce que ça veut dire ??? Voyager léger, et ouvrir les yeux, le coeur en bandoulière et les oreilles en avant. Endiamo moussaillon !

Le Pari(s) du Japon artisanal

A Paris, les endroits pour les amoureux du Japon s’offrent à vous avec plus ou moins de visibilité.

Les restaurants se situent principalement rue Sainte Anne dans le 2ème arrondissement entre Pyramides et Opéra sachant qu’il en existe de très bons dans le quartier de St Germain-des-Prés et partout ailleurs.

L’artisanat japonais Mingei se révèle en toute discrétion à celles et ceux qui gardent les yeux ouverts. Pour en savoir davantage, n’hésitez pas à faire un tour à la Maison de la Culture du Japon à Paris ou dans des galeries, en particulier celle située au 5 rue Visconti ou encore dans des lieux plus confidentiels. , se procurer le hors série du magazine Tempura sur les objets d’artisanat « Made in Japan » https://shop.tempuramag.com/products/hors-serie-made-in-japan-2023

Conseil pour les amateurs néophytes et éclairés : se procurer le hors série du magazine « Tempura » sur les objets d’artisanat « Made in Japan » https://shop.tempuramag.com/products/hors-serie-made-in-japan-2023

5 moutons jouent du Saxe

En ce joli mois de mai, à Paris, de l’autre côté des Invalides, avenue de Saxe, 5 moutons, 4 noirs et 1 blanc, se jouent des Hommes et de la géographie. Comme d’autres bipèdes, je m’arrête devant cette scène insolite et les observe derrière le grillage. Alors que des Parisiens décident d’aller vivre à la campagne, à la recherche de plus d’espace et d’un art de vivre, les animaux de la ferme élisent domicile sur un petit rectangle d’herbe du 7ème arrondissement valorisé à plus de 20K€ du M2. Sont-ils de passage dans la capitale et quand l’herbe aura disparu les urbanistes prévoient-ils de couler 1 dalle en béton ou de la remplacer par 1 tapis vert qui ne nécessite pas d’arrosage ? Et surtout s’ils sont parqués aujourd’hui quelle est l’étape d’après ? La naturalisation ou la taxidermie ? L’abattoir ? PS : la réponse de la bergère à Berger ou Binet, chacun son jardin, chacun son esprit moutonnier, et que la vie est bêêêlle !

Tels les cinq doigts de la main

Nous étions cinq, tels les cinq doigts de la main, articulés, ensemble, tour à tour, par deux, par trois et tellement plus encore, au fil des ans. 

Cette formation impaire, après notre passage à la vie d’adulte indépendant, s’est cristallisée au fond de chacun de nous et entre nous. Lorsque nous nous retrouvions aux grandes occasions, les signes de notre dépendance n’étaient pas visibles à l’oeil nu, aucun mot aucun geste, un regard pétillant ou humide, pour qui savait voir et regarder autrement. 

L’annulaire, le 4ème de la famille, l’éternel grand petit frère se conduisait en aventurier, notre Samouraï avait la gagne. Beau, intelligent, insolent, doué, chiant. L’aîné de la fratrie, notre majeur s’était abîmé le 3eme doigt dans le moteur du tracteur de papa. Et moi, tenue par le petit doigt je marchais, car j’avais peur de tomber. Ainsi, s’était formée notre main.

Lorsque Robert Schumann a cherché à améliorer la souplesse de sa main, il a posé une attelle sur chacun de ses doigts pour les rendre indépendants. A force d’exercices, ses tendons ont cédé, il a perdu son 4ème doigt et l’usage de sa main. Il a dû arrêter de jouer du piano ce qui ne l’a pas empêché de composer des œuvres plus profondes et plus virtuoses.

Aujourd’hui, mon esprit tricote des pensées avec notre 4ème doigt omniprésent. La vie se recompose, et s’accroche, mon auriculaire dans une oreille, l’autre bercée par Schumann et les scènes d’enfants. Nous étions cinq, toi toujours prêt à en découdre. Je compte mes doigts, j’en ai six, ton annulaire toujours présent, qui me tient le petit doigt. 

A l’école de la sobriété, j’ai choisi Amster..m

Ici tout est magique, les champignons, la verdure couleur CDB, les canaux tout aussi verts, les maisons des armateurs en briques, le red quarter et ses vitrines …

Les compagnons 🙂 de route et de croisière, « love boat exciting to me… »

Les toiles d’avant, Rembrandt, Vermeer… au Rijksmuseum. Celles d’après au Van Gogh museum puis encore encore après au Stedelijk qui lorgne du côté du Centre Pompidou.

Les couleurs, l’orange est partout.

1, 2, 3… Soleil il fait frisquet mais beau, c’est l’essence du ciel !

L’Art de détruire

Arman le laboratoire du geste au Centre Pompidou

Détruire un Art mais pas que !

Détruire pour se souvenir de l’impermanence des choses et de notre « Memento Mori ».

Détruire, déconstruire pour mieux se reconstruire, et repartir.

Détruire gratuitement, et avec rage, sans respect de l’Autre, de la démocratie et de l’Histoire.

Les Arts Premiers dans la hotte du Père Noël

Regarder des heures des poupées Kachina, jouer avec les souvenirs d’enfance et du rêve américain, s’imaginer au pays du Soleil Levant, en pleine cérémonie Shinto, vêtue d’un Kimono pour singer le réel et le monde des apparences, observer la beauté des Arts Premiers, les statues qui ne meurent pas et rejoindre le ciel… en passant par le musée JC quai Branly.

Lettres magnétophoniques

Écrire et lire dans le noir, ça ne marche pas, mais écouter des mots lus, et enregistrés sur une bande sonore, les yeux fermés, il n’y a rien de plus cinématographique. Ainsi, travaillait Alain Resnais avec Marguerite Duras à l’époque d’Hiroshima Mon Amour. MD parlait de lettres magnétophoniques…

Resnais photographe
Resnais un grand timide, inapte au monde
Alain Resnais et Chris Marker
(ou plutôt l’inverse)

L’Asie à Paris (neutre en CO2 et pas en reste)

C’est un restaurant situé tout près de la Comédie Française qui donne le sentiment d’être et de vivre un morceau d’existence dans l’ancien marché aux poissons de Tokyo, de par la décoration et le fond sonore. Tsukiji n’existe plus là-bas mais il est ici, à Paris, plus vivant que jamais !

Entre la chouette et le canard : une histoire d’amour et de solitude(s)

Rilke écrit dans sa 7ème « Lettre à un jeune poète » que l’amour plus près de l’humain « sera infiniment délicat et plein d’égards, bon et clair dans toutes les choses qu’il noue et qu’il dénoue. Il sera cet amour que nous préparons, en luttant durablement : deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant, et s’inclinant l’une devant l’autre »… Aussi, comme l’écrit André Comte-Sponville dans son livre l’amour, la solitude « L’amour n’est pas le contraire de la solitude : c’est la solitude partagée, habitée, illuminée – et assombrie parfois – par la solitude de l’autre. L’amour est solitude, toujours, non que toute solitude soit aimante, tant s’en faut, mais parce que tout amour est solitaire. Personne ne peut aimer à notre place, ni en nous, ni comme vous. Ce désert autour de soi ou de l’objet aimé, c’est l’amour même. »

Arte Replay : le voyage « géopoétique »

En ce moment, vous pouvez voir et revoir l’un des chefs d’œuvre de Roberto Rossellini « Voyage en Italie » qui décrit l’histoire d’un couple en proie au doute et à l’ennui sur fond d’images du golfe de Naples en noir et blanc avec Ingrid Bergman et George Sanders. Les suivre dans Pompéi ou à Naples est une belle invitation au voyage.

Il est possible aussi, grâce à la chaîne franco-allemande, de suivre l’itinéraire d’Ulysse à travers le regard de Sylvain Tesson qui s’est inspiré du livre et des photos de Victor Bérard prises il y a un siècle, pour localiser le mythe dans différents lieux de la Méditerranée et faire dialoguer géographie avec poésie et beauté.

Paris + par Art Basel

Au Grand-Palais éphémère, l’Art moderne reste une valeur sûre et pour le contemporain chacun fait son marché…

Nu au châle vert de Matisse de 1921 1922
Miro
Une nature morte : instruments de musique et compotier de Braque 1919
Je ne sais plus
Arp
Art brut, Dubuffet maître des lieux
La bibliothèque d’Annette Messager photographiée par des amateurs
Sophie Calle
Magnus Plessen
Venet
Keith Haring
William Kentridge

De l’art de l’art de l’art, avec du gras et du maigre, une nourriture terrestre vitale !

Tête de l’art, fête de l’art, histoires de l’art, impossible de vivre sans l’art…à Paris c’était la semaine des foires d’art contemporain, dans des lieux multiples. Quelques souvenirs pris a hue et a dia.

PS : l’art un ailleurs garanti…et l’ailleurs un plus beau mot que demain comme l’a écrit Paul Morand ? Alors allons-ons !

Ellsworth Kelly
Portrait par Alice Neel actuellement exposée à Pompidou
Picabia dans la sobriété…
Buren
Thomas Houseago
Calder
Hantaï
Cay Banhmiller peintre de Détroit dont ce portrait m’a fait penser à Rouault. Galerie What Pipeline découverte dans l’ancien atelier de Nadar au 37 boulevard des Capucines
Milicienne républicaine s’entraînant sur une plage de Barcelone en 1936 photographiée par Gerda Taro
Ferrari Shepard
Toyin Loye
Frank Walter

L’Art colore nos nuits (et nos jours) et ne nuit pas

Cette semaine c’est l’Art Contemporain Week à Paris. Des évènements se déroulent dans des lieux officiels du type le Paris + par l’Art Basel au Grand Palais mais aussi l’AKAA Also Known As Africa au carreau du Temple et bien d’autres encore. Le journal des arts s’en fait l’echo.

Un rai de couleur et tout change, peu importe les formes et le sens, pourvu qu’il y ait de l’imagination !

Des pots des potes et un despote

De l’art de la césure, du mot ciselé à la lettre, du voyage de fleurs volages, de la vie qui refleurit même en automne, entre deux arrosages de madame la pluie, tout près du conflit qui sévit, depuis presque huit mois, et nous envahit, sur le flan, à l’est de l’Europe, par les voies politiques, économiques et sociales, sans parler de dame planète et de l’humain qui préfère l’amour à la guerre, enfin, presque …

Des crocus de la campagne empotés sur mes fenêtres à Paris, autant de petites lumières jaunes qui illuminent un coin du ciel, en période de sobriété et en attendant le retour du soleil qui, cet après-midi a décidé de rester au chaud dans son pot !

Hommage à la couleur

« Art makes you breathe easier, it gives you more space. » Anni Albers tente de se remémorer cette citation dans un documentaire dans lequel elle parle de son travail sur les tissus inspiré par les oeuvres aztèques. Quant à son mari Josef, il nous est montré à plus de 88 ans en train de chercher comment et combien notre perception de la couleur provient de notre cerveau. Pourquoi certains hommes préfèrent les blondes et sous-entendu pas les autres … ? Un moment de pure joie intérieure qui se partage et se propage comme la fée électricité !

Petite visite dans les collections permanentes du MAM

Roger Bissière le songe de la terre

Dans la galerie Ceysson & Bénétière, rue du Renard à Paris, des oeuvres de Roger Bissière, principalement des peintures des années 40, 50, étaient exposées jusqu’à hier. Il a été formé aux Beaux-Arts de Bordeaux et de Paris, côtoyé les cubistes et choisi de partir dans le Lot pour y vivre comme paysan où il a pratiqué la culture de la lavande et l’élevage de moutons. Son œuvre figurative à ses débuts, se source dans les arts primitifs au milieu de sa vie.

2 citations accompagnent l’exposition et semblent bien traduire ce peintre peu ordinaire qui me parle : « ma jeunesse a commencé à 60 ans » et « je recrée ou plus exactement hélas, j’essaye de recréer un monde à moi, fait de mes émotions, où demeurent l’odeur des forêts qui m’entourent, la couleur du ciel, la lumière du soleil, et aussi l’amour que j’ai de tout ce qui vit. »

Il peignait sur bois et sur toile des paysages, et ses sensations entre abstraction et signes kabbalistiques. Ses sculptures aussi fascinent, enduites d’une peinture à l’oeuf.

Levit en lévitation

Igor Levit est un musicien virtuose. Il est de passage ce soir au Théâtre des Champs Elysées. Son programme couvre un large pan de l’écriture pianistique depuis les scènes de la forêt de Schumann, tout en fraîcheur, en passant par une pièce de jazz autour d’un folksong de Fred Hersch, plus difficile, avant de nous conduire vers les sommets du romantisme allemand tout d’abord l’arrangement pour piano du prélude de Tristan et Iseult de Wagner, jusqu’à la sonate de Liszt, une forme d’apothéose.

Oui, ce soir, Igor Levit lévite et nous avec !

Tom Gauld : un dessinateur British, au poil et poétique

Tom Gauld est un illustrateur britannique avec du sang écossais dans les veines, et des doigts dont les traits tirent du côté de l’absurde et confinent à la poésie, celle qui vous rapproche de l’enfance, de l’innocence, de l’ailleurs pourtant tout près. Il signe, toutes les semaines, des petites histoires qui invitent à rire de l’intérieur, pour le supplément littéraire du Guardian, et la revue New Scientist entre autres. Et, from time to time, il colore la une du New Yorker et écrit des BD très décalées : « en cuisine avec Kafka », « la revanche des bibliothécaires » ou encore « la police lunaire ». Extraits…

Un « cri du coeur » pour cadeau

Avoir du coeur n’est pas un acquis, n’est-il pas davantage le résultat d’un travail musculaire, assorti d’opérations sensibles qui exigeraient de la maintenance régulière et sincère pour éviter toute corrosion sous ou sans contrainte..?

Opex Capex Fuelex Sex peu importe l’ambition relève du besoin vital de vivre, avec cet Autre, qui est quelqu’un ou personne, soi et le monde, toute une vie à respirer avec ses vérités et ses mensonges.

Alan Lucien Oyen est un chorégraphe norvégien qui bouscule tous les codes du ballet contemporain. Courez-y et vous comprendrez. Enfin, vous serez étonné voire emporté, saisi tout au fond de votre coeur.

Sauf que sur terre, chaque bipède n’a pas la chance d’avoir une fée qui veille et qui lui offre des cadeaux, le jour de l’automne, à l’Opéra Garnier, sous le plafond de Chagall…

Happy culteur – trice mais pas triste

C’est bientôt l’équinoxe d’automne qui peut avoir lieu entre le 21 et le 24 septembre en France au regard de la révolution de la terre autour du soleil qui est de 365,25 jours depuis que notre vie est rythmée par notre cher calendrier grégorien qui remonte à 1582. La lune c’est une autre histoire, elle cadence nos semaines, nos mois et bien sûr nos nuits !

Allez un petit remontant !

« Plus on regarde en arrière plus on voit loin »

Cette citation de Winston Churchill est référencée par The Queen Elizabeth II dans un documentaire de la BBC disponible en Replay sur Arte intitulé « Elizabeth par elle-même ». Pour son jubilé, il y a quelques mois, elle a accepté de commenter des photos et des vidéos amateurs de sa vie intime. Une pure merveille.

https://www.arte.tv/fr/videos/110902-000-A/elizabeth-par-elle-meme/

L’orange c’est…

« L’orange c’est du rouge rendu plus humain par du jaune » Kandinsky

Michaële-Andrea Schatt

L’orange m’est premier même s’il ne s’agit pas d’une couleur primaire. Elle (la couleur) ou il (sa signification) définit l’herbe folle que je suis.

L’orange c’est le jus de l’enfance et de l’innocence qui rime avec Pop Art et grosse patate vitaminée.

L’orange que je connais parle aux anges et tutoie l’étrange. Il me relie à l’ailleurs.