Les pommes sont à Adam, ce que les tartes sont à Suzanne !

Quand l’automne sonne, et que les sanglots résonnent, dans le Villetrunois, papa s’occupe des noix et maman s’adonne aux pommes. Rien de liquide ni d’alcoolique dans leur transformation de ce côté-ci du Loir, mais du solide, de la famille des tartes, dignes des sœurs Tatin, la sororité en moins, et le lien filial en plus.

Les pommes du verger, des reines des reinettes et des locard jaunes, attendent leur heure, étalées sur des planches au fond de l’étable. Papa a inventé un outil pour les cueillir dans l’arbre avant qu’elles finissent par être véreuses.

Il suffit d’un rien, mes yeux qui brillent et mes babines qui débordent, pour lancer les opérations : compote et découpe en fines lamelles puis préparation de la pâte à tarte. Comme par magie sans magimix, cette dernière résulte du mélange d’un morceau de beurre breton, saupoudré d’une cuillerée de farine et d’une pincée de sel, sous l’impulsion du vieux robot Kenwood. Dans la famille, le Japon n’est jamais très  loin.  Puis, la bonne pâte repose et attend le lendemain pour être étirée par les deux mains de maman, percluses d’arthrose mais toujours vaillantes quand il s’agit de tarte. Mes joues s’en souviennent encore !

« En vérité, je vous le dis », c’est dimanche, mon estomac se remonte les manches et mon hypophyse trépigne d’impatience. Est-ce un oubli des Évangiles apocryphes ? Certainement, alors ouvrez les yeux et souvenez-vous, « les pommes sont à Adam ce que les tartes sont à Suzanne. Amen ».
Peu importe les textes, avec papa et toute la famille, nous aimons dire et redire notre credo dominical et de circonstance « amène ta tarte maman ». Car, nous croyons dans les talents de pâtissière de maman et sommes ses 1ers et tendres fanatiques !