Après une semaine de folie qui a défait et perdu le fil des folles journées de Nantes, j’avais rendez-vous avec un spectacle de cirque, à l’espace Chapiteaux du parc de la Villette. Dans la nuit noire, le ciel voilé me faisait du pied et me chantait tu es là mais qu’est-ce que tu fous ici, petit roitelet ? Un égarement sans doute, un grain de folie, ou tout simplement la sortie du tram à la Porte de Pantin qui m’avait tendu la main et ouvert les ailes. Ainsi, j’ai été attirée tour à tour par les néons du centre national supérieur de la musique et de la danse, de la halle de la Villette et du café de la cité de la musique avant de m’enfoncer dans un paysage de bitume et de structures acier, sous une voûte étoilée et laiteuse. Je suivais la brune, la lune, et les nuages en errance. Pimprenelle et Nicolas me murmuraient tout bas. J’ai traversé le canal de l’Ourcq, je l’ai enjambé à pas de géant avec mes Doc Martens Orange, seule au milieu d’un silence profond, tel le Petit Poucet égrenant ses cailloux sortis de ses poches. C’était long, et puis mes yeux se sont arrêtés, scotchés à un immense chapiteau blanc immaculé quand les frissons m’ont traversé la peau. Cette caresse éphémère et salutaire, je l’ai apprivoisée ainsi que mes larmes de crocodile, et l’enfant que je suis s’est mise à sourire. L’émerveillement fut total dès cet instant.
12 élèves tout juste diplômés de l’école du cirque de Châlons-en-Champagne nous ont mis au parfum en nous accueillant à l’entrée avec des pop corn, des verres d’eau ou des éventails. Originaires du monde, d’Espagne, de Chine, d’Allemagne ou d’ailleurs en passant par ici, hétéro, homo, ou trans, ils ont créé ce spectacle « parce qu’on a tous toutes besoin d’un peu d’espoir » pour une tournée d’une trentaine de dates et après, chacun chacune mènera sa barque. Contorsionniste, trapéziste, à la barre fixe, enroulé dans un arceau, sur un vélo, que c’était beau, poétique, et plein d’énergie. Ils nous ont appris une danse en restant assis, ils jouaient aussi du piano, de la trompette du saxo basse, et du ukulele et ils chantaient. Le tout était rythmé par leurs pensées qu’ils exprimaient haut et fort, chacun chacune à sa façon…L’un d’entre eux a dit « Je trinque à ceux qui osent dire encore je t’aime ». J’ai alors réalisé que ça ne se disait plus, que c’était presque un acte héroïque, décalé, iconoclaste. Oser, oui, oser, dire, vivre, ses rêves d’enfant, et d’adulte, sans en avoir peur, cela paraît si simple sous un chapiteau…













