Klaus Mäkelä vu par Bruno Monsaingeon

Klaus Mäkelä, jeune chef d’orchestre finlandais, est né dans une famille de musiciens. Il a appris le violoncelle, sans être un virtuose. Dès l’age de 7 ans, il sait que la maestria le guidera vers un répertoire plus large. Il rentrera au conservatoire de musique d’Helsinki dans les classes d’orchestre à 11 ans. Depuis, il conquiert les musiciens et les amoureux de la musique pour plein de raisons. Il aime la musique et les musiciens, car il est d’abord un musicien, et bien sûr et surtout, il est humain, et il aime la vie. Il ne parle pas pour ne rien dire au cours des répétitions, il écoute les musiciens, il prend leurs propositions quand elles dépassent ce qu’il avait dans la tête, il tisse des liens avec chacun. Il est un chef économe du temps des répétitions, des mots, et il est un grand pédagogue. Sa gestuelle est précise, il ne marque pas le tempo quand la musique ne le demande pas. Le début du documentaire le montre les yeux fermés, immobile, au début du Boléro de Ravel, il écoute ses musiciens, c’est merveilleux.

Directeur artistique des Orchestres d’Oslo et de Paris, et bientôt du Concertgebouw d’Amsterdam car il va quitter l’́Orchestre de Paris en 2027, il est chef invité, demandé ailleurs en Europe, en Amérique et au Japon.

Comme violoncelliste, nous le voyons jouer quelques mesures, avec le Quatuor Arod, du Quintette en ut majeur de Schubert. Il est alors dirigé par le 1er violon. Les 5 musiciens ne passent pas la barre des 30 ans. Bruno Monsaingeon lui-même musicien, violoniste, a réalisé un autre documentaire sur ce jeune Quatuor passé au théâtre des Bouffes du Nord en octobre 2023.

L’envie, la passion, l’échange, Klaus Mäkelä c’est sa came, et je peux vous dire que même si ce documentaire se rapproche d’un panégyrique sans accroc, il est reconnu comme un grand chef rempli d’une énergie communicative pour les spécialistes (et l’amatrice de la Philharmonie de Paris que je suis). En particulier, j’ai été remuée, comme mes chaussettes orange dans mes Doc Marteens, lors de la soirée Ravel et des 2 concertos de piano, donnés le même soir par Yuja Wang, sous sa baguette, cet hiver. Sa direction était plus qu’énergisante, dingue, folle, elle est également disponible en replay sur Arte comme ce documentaire.

J’ai beaucoup aimé, dans le film, le moment où nous le voyons lire chez lui, une partition, s’imprégner, fragmenter l’œuvre, avant de retrouver l’orchestre pour les répétitions et la défragmenter avec les musiciens. Dans le même ordre d’idée, la post synchronisation qui est aussi filmée, c’est aussi ça, la quintessence, la recherche du son et du tempo justes.

La musique, c’est comme la vie, il y a des moments de construction et de dé-construction, et petit à petit, l’essentiel prend forme, constitué de fragments et d’épices rares, rapportés de nos rencontres, de nos voyages, de notre interaction avec les mondes…

Arriver à se concentrer 100 min et à faire se concentrer ses musiciens
Y aller, donner, échanger, savoir
Jouir, Être là, pleinement avec ses musiciens et le public

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