Ce matin, fraîche comme un gardon, même si la nuit a été perturbée, la phase de sommeil profond fut totale. J’ai décidé de me battre contre les moustiques en osant l’intimidation, depuis ça marche… Régulièrement, je passe de zones climatisées à l’excès à l’univers tropical des rues et des jardins de la mégalopole, soit bien 15 degrés celsius d’écart facialement, voire 20 en ressenti. L’écharpe en laine au comptoir, je pense à ce gabgis, la régulation de notre consommation d’électricité. Je pensais que post Fukushima, les Japonais avaient réfléchi, à part infléchir leur part de production d’électricité nucléaire, rien ne semble avoir changé côté demande quand je regarde leurs néons et autres super clim. A Yanaka, les lumières des rues, la nuit, ressemblent à des halots dignes de lampadaires parisiens du 20ème siècle.

J’ai voyagé jusqu’à la station Shimbashi, au sud-est de Nippori, la station la plus proche de mon nid, en empruntant la ligne JR Yamanote, avec l’idée de visiter ce beau jardin aimé des Tokyoïtes, Hama-Rikyu.

J’ai marché sous le Kokusho, sans ratisser intégralement les 25 ha du jardin de Hama-Rikyu. Ce dernier date du 17ème siècle, et se compose d’étendues d’herbe, d’étangs dont un d’eau de mer, de 4 maisons traditionnelles dont le pavillon de thé et d’arbres plusieurs fois centenaires. Les jardiniers sont à pied d’œuvre, et l’ombre rare…

Prendre le thé fut un moment suspendu sur l’eau, autour d’un thé matcha chaud et d’une pâtisserie qui n’en est pas une, ils appellent celles-ci des wagashi. Ce matin, c’était une pâte de riz avec en son cœur une marmelade d’haricots rouges couverte de pétales de tournesol. Délicat et léger, Antigonegone s’est reposée, et est repartie sur d’autres chemins.

Le jardin a appartenu à une famille de Shogun, les Tokugawa, qui se sont fait reprendre leur propriété par l’empereur, au lendemain de la restauration de Meiji. Depuis 1946, l’empereur a fait don du lieu à la ville.