A l’intérieur des mots

La nuit, je sors mes antennes, et j’écoute l’intérieur des mots, une musique réglée sur la soeur de FIP que je prends dans le Pif, un direct du droit qui me rend plus vivante que jamais, comme un spectacle de danse à Chaillot.

Ce soir, l’histoire que je lis et qui s’insinue dans mes neurones en les défrisant, se situe dans l’Etat du Michigan, à Chicago, et décrit, en son commencement, des yeux d’inconnus qui se scrutent incognito, dans la pénombre, d’un immeuble à l’autre. Deux solitudes s’observent, deux solitudes s’imaginent, deux êtres qui n’ont rien en commun se projettent, s’enlacent, et se questionnent.

Cette quête, au pays où tout est / était possible, un rêve qui, soit-dit en passant parle de bien-être…, m’emmène; j’aime cette écriture du délié, qui se passe tour à tour, au-dedans de la psychologie des personnages et dans le paraître d’une société qui pousse ses marginaux dans la normalisation, la gentrification, la bonne conscience.

Il est de ces livres rares, pénétrants, présents, qui, comme avec les êtres amis, aimés, aimants, ouvrent une relation forte au-dedans, un ressort tendu de reconnaissance immédiate, tenu par les mots et leur cheminement, une attraction plus que terrestre, une proximité de pensée, et des sens, un état de connexion total qui secoue et qui emmène !

Peu m’importe l’explication, je prends le temps de la rencontre et de la lecture, une écoute active des mots, par résonance, admirablement traduits. Waouh, ça envoie du pâté et c’est un voyage neutre en CO2 pas si pénard que ça en a l’air ! Les turbulences à venir se laissent deviner, au-delà, de la rencontre, le saut dans l’inconnu me donne un semblant de vertige.

Je sors mon ninnin, semblable à l’orange en tricot de Mike Jelley, qui joue avec les objets de notre enfance. Ce que j’ai entre les mains, m’éveille, il me parle de racines et de rêves enfouis, il n’a pas son pareil pour parler de nos vies.

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