Le contraire d’un objet d’art

Brouillard, embrouillamini, sur la route traversant les bois les oiseaux chantent, Bach sort des enceintes de la voiture et allège le moment hyper concentré de conduite de ce matin, j’ouvre tellement les yeux que mon globe gauche semble prêt à se faire la malle orbitale. Au même moment, les animaux à corne doivent s’affairer, mes phares égarés sur les frondaisons et les troncs d’arbre paraissent ne pas les effrayer, si la rencontre fortuite et inopportune se produit, je ferais mieux que de rater le train.

Il fait frais sur les quais, un vent léger caresse la peau de ce qui sort de ma parka orange toute propre, sortie de la washing machine villetrunoise. Je continue l’écoute des Variations de Goldberg par Nevermind, une adaptation pour viole de gambe, flûte, violon et clavecin ou orgue, toute fraichement sortie des bacs. Les 31 variations de l’aria me redéposent tranquillement sur terre quoique d’aucuns considèrent que Bach aurait inventé Dieu et non l’inverse. Finalement, je suis peut-être ailleurs, dans un monde céleste, au milieu des nuages, à des étages où le brouillard n’altère pas la vue. Telle une somme d’os humain, le contraire d’un objet d’art, je reprends mes esprits, je respire, tout va bien !

Rothko White and Red 1962

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