Arbres abîmés et armure désarmante

Les pestacles désertent les salles et occupent la rue, depuis les pieds jusqu’aux oreilles.

J’ai vu, au cours des semaines passées, en avant-première, le dernier Jafar Panahi, « un simple accident », un grand film iranien, couronné récemment de la palme d’or à Cannes, un hymne à la non-violence et à la liberté d’expression, une œuvre tragi-comique audacieuse qui ose défier le pouvoir des Mollah. Reconnaître un tortionnaire par hasard, vouloir se venger, et avant de commettre l’impensable, il faut en avoir le cœur net. En conséquence, quoi de mieux que d’associer des compagnons de geôles, qui n’auront pas la même définition de la vengeance. La dialectique est redoutable et le doute le sujet qui donne au film sa profondeur et à la vérité sa relativité, ce je ne sais quoi et ce presque rien, pour paraphraser Jankelevitch.

J’ai vu « Red Carpet » d’Hofesh Shechter à Garnier, un ballet débridé, composé de 13 danseurs, évoquant une soirée en boîte de nuit entre rythmes endiablés et moments d’intimité et de solitude. Les costumes finissent par tomber, comme les masques après une nuit de faux-semblants.

J’ai vu Jean Rondeau dans les variations de Goldberg, dans un arrangement pour quatuor, une succession d’instants suspendus merveilleux de finesse et de beauté, le violon, la flûte, la viole de gambe et le clavecin alternant avec l’orgue. Le concert a été capturé fin mai et diffusé par France Musique le 17 juin.

Et le lendemain, j’ai vu la même oeuvre en version jazz jouée au piano par le même Jean Rondeau, accompagné d’un batteur Tancrède Kummer, encore plus dingue que lui. C’était génial, des sons incroyables, inventifs, dissonants et totalement étranges.

J’ai vu aussi les ravages de l’orage tempêtueux de cette nuit. Le changement climatique n’est plus une vue de l’esprit…

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