Le choix de Momo d’Ohad Naharin

Tout est dit dans cette création de 2022 d’Ohad Naharin ou plutôt des danseurs de la Batsheva Company de Tel Aviv qu’il a laissés à la manœuvre de la chorégraphie.

Imaginez 4 danseurs habillés d’un pantalon baggy gris, torses et pieds nus, à l’unisson, entrant sur la scène, en file indienne, sous la lumière, pendant que les spectateurs s’installent encore. Ils marchent lentement, et sereinement, le bras gauche plié dans le dos, le droit, droit le long du corps. Le mouvement est donné, ils ne font qu’un et la musique envoûtante orientale nous embarque tous.

Puis, 3 danseurs et 4 danseuses avancent séparément, chacun compose ou plutôt décompose sa chorégraphie, des mouvements saccadés, la torture mentale transpire sous ses corps. Ces 7 danseurs représentent l’antithèse ou une autre forme de l’harmonie qui se poursuit en parallèle, impulsée par le groupe des 4 premiers danseurs. Si les 4 baggy men incarnent peut-être l’ordre, la loi, l’armée, car ils sont très physiques et athlétiques, et reproduisent les mêmes gestes, s’entraînent et s’entraident, les 7 autres représentent la diversité des femmes et des hommes avec un nombre de femmes supérieur à celui des hommes.

A un moment, vers la fin, les 2 formations s’inversent. Les adeptes de l’harmonie apparente et du mimétisme partent en vrille et les individualités déstructurées se rapprochent et finissent par esquisser les mêmes mouvements.

Un fond noir sert de mur des lamentations et de mur de varappe en même temps. Les danseurs y grimpent, disparaissent et reviennent sur le devant de la scène, par 4 ou par 7, alignés ou désynchronisés.

Tous se croisent, s’assemblent, se décroisent, ils tombent et se relèvent. In fine, les êtres qui pratiquaient le mimétisme restent ensemble, et les individualités qui semblaient se trouver un binôme se désagrègent et repartent seules.

C’est du grand Ohad Naharin. Il reste des places et c’est jusqu’au 3 juin à la Halle de la Villette.

Il n’y a pas de mots, il y a Momo !

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