Mercredi, pour changer, je suis allée écouter voir un concert Ravel, sur le thème de l’Espagne, au Théâtre des Champs-Elysées.
Je savais que le moment ne serait pas banal. Les Siècles, un des meilleurs orchestres français, en résidence au TCE, allait servir des oeuvres qui s’amusent de chaque instrument en les faisant sonner autrement. Les musiciens jouent sur des bois, des cuivres, des cordes, … d’époque ce qui signifie pour Ravel, des instruments du début du 20ème siècle. Forcément, ça oblige l’auditeur à faire un RAZ de sa mémoire, jusque dans les oreilles. La flûte traversière ou la piccolo, le basson, le hautbois, la clarinette, et les saxophones soprano et ténor si présents chez Ravel, notamment dans le Boléro, semblent plus en retrait, moins prononcés. Les notes se montrent légères, solubles dans l’air, l’instrument sort un son sur la pointe des pieds, ce qui appelle une acuité des sens de l’auditeur. Pour être encore plus attentive, j’ai sauté du strapontin que j’avais réservé, dans un fauteuil libre, et j’ai rejoint le chemin de la musique aux influences espagnoles de Ravel.
François-Xavier Roth, le chef en titre des Siècles, était absent du programme et de la scène, c’est Adrien Perruchon qui figurait sur les écrans puis qui a pris place sur le podium. J’y reviens plus bas…
Le programme purement symphonique énonçait Alborada del Gracioso (Aubade du bouffon), Rapsodie (sans h) Espagnole, le Boléro et la délirante comédie chantée, l’Heure Espagnole, sur un texte de l’écrivain journaliste Franc-Nohain, père de Jean Nohain. Cette dernière œuvre, créée en 1911, est d’une totale drôlerie, une série de quiproquos autour d’une femme espagnole ayant rdv avec son amant pendant que son mari horloger part réparer des horloges en ville. Tout est une question de timing, avant ou après l’heure, et patatras…Elle finira par préférer le muletier au poète qui parle trop et qui n’agit pas. Une bonne morale pour une histoire qui ne l’est pas trop, à méditer !
FX Roth a raté le rdv pour des questions de sorties inappropriées de son instrument…Le chef envoyait à ses musiciennes et musiciens, des photos de « sa meat et de ses vege », comme disent poétiquement les Anglais, après les concerts, une manière particulière de les remercier et de faire part de son exultation …
Le Canard Enchaîné ou Enchanté a publié un article le même jour, puisque nous étions mercredi, la source venait des « membres » de son orchestre. La boucle est bouclée !
Pendant ce temps, le train roule et le bouquet de pivoines (l’une d’entre elles s’appelle Hawaï) cueilli en Normandie, s’en fout. Chaque fleur s’épanouit, au jour le jour, et un florilège musical circule entre mes orteils et mes oreilles …








