Initiation à la calligraphie japonaise : le rien c’est dur !

Un séjour d’un mois dans une ville immense, de langue inconnue, peut paraître long, un peu trop vertical et solitaire.

Je l’ai préparé un peu, organisé mon cerveau pour accueillir les idées, les laisser germer, et prendre forme, avec une seule motivation, découvrir, apprendre, échanger, flâner, me perdre, oser, rêver les yeux les oreilles les papilles et les orteils ouverts, en passant par mes 10 doigts.

J’avais secrètement pensé m’initier à la calligraphie japonaise et Hagiso a activé son carnet d’adresses. Ça s’est passé, hier soir. Je ne saurai les remercier assez.

Le lieu, un vieux café suranné, de style art déco, à l’ambiance chaleureuse, l’adresse, à 2 minutes d’Higashi Ginza station, tout près d’un théâtre de Kabuki et l’enseignante, Mariko, une jeune femme, dont la fonction est de travailler dans le marketing le jour et de perpétrer l’art de la calligraphie le soir ou les WE auprès des enfants et des adultes. Quant à son savoir, elle l’a acquis auprès de sa maman.

Nous devions être 3 à suivre un cours dont 2 Japonaises déjà confirmées mais la pluie torrentielle d’orage a dissuadé l’une d’entre elles. Petits biscuits et verre de thé glacé, sur une musique de Billie Holliday, nos hôtes attentifs, apportaient leur bonne humeur, le sourire aux lèvres. Le top départ fut donné vers 19h30.

Je me mets à table et écoute mon professeur. Tout d’abord, la tenue du long pinceau aux poils de chèvre. Il s’agit de le tenir droit, perpendiculaire à la feuille et de poser sa main, pour asseoir le geste. Puis l’encre, solide, présentée sous la forme d’un parallélépipède, Mariko m’explique l’importance et l’intention qui consistent à faire tourner le bâton pendant 5 min dans un encrier avec un peu d’eau. Ce rituel permet à l’élève ou au calligraphe de se concentrer, avant de commencer et à l’encre de diffuser une odeur enivrante. La feuille, d’une certaine transparence et de format A3, est posée sur un rectangle de type feutrine, relativement épaisse, et de même taille, noire. Il importe de caler la feuille, qui sous l’effet du pinceau pourrait glisser, un petit objet en céramique joue ce rôle. Un porte pinceau vient compléter l’ensemble. Enfin, l’encrier relativement plat, reste un point fixe qui appelle un dosage savant, pour éviter les pâtés. Il s’agit de tremper les poils et d’appuyer d’un geste rapide pour le presser car le papier washi boit l’encre…

Elle m’a montré des exemples de lettres Japonaises, d’abord les hiraganas, d’allures très fines, comme des lianes, dites simples, puis les kanjis, plus complexes à reproduire, semblables à une toile d’araignée, fascinantes, difficile au 1er abord, de savoir par quel bout commencer. Elle utilisait de l’encre orange pour ses démonstrations et corrections de mes brouillons. Elle me montrait le sens du trait, de la gauche vers la droite, en soulignant pour un trait droit, de l’importance de marquer un temps d’arrêt au départ du trait et à l’arrivée. De même que pour un arc, une courbe, je me devais d’intégrer visuellement un cercle à l’intérieur. C’était totalement fou, extraordinaire, elle fut d’une grande patience et en même temps très claire et incisive dans ses directives. J’étais crevée à l’issue de l’heure et demi, un souvenir identique à celui des cours de dessin de nus sur modèles vivants, suivis il y a presque 38 ans…

Pendant que ma voisine écoutait les conseils de la professeur pour parfaire ses connaissances dans la réalisation de cartes de voeux car, demain 8 août, c’est le début de l’automne précoce, une des 24 saisons du calendrier lunaire, je m’appliquais, inlassablement, à reproduire des traits, des courbes, des hiraganas et des kanjis. La professeur a dessiné l’été et l’automne, et j’ai choisi de reproduire l’automne, qui se compose de deux parties, un arbre et le feu. Et, puis, j’ai demandé à essayer de reproduire le « Mu », ce kanji de l’impermanence des choses, du rien, qui figure sur la tombe d’Ozu Yasujirō à Kamakura, perspective de sortie horizontale  … Le rien c’est dur !

Nous avons clôturé le cours d’initiation par une photo, sur ma proposition, que tous ont gentiment acceptée.

La professeur tient la feuille avec les lettres orange, la dame au chien réalise les coiffures d’acteurs de Kabuki, possible sortie à venir…Élève à gauche de la professeur et tout à gauche, une des hôtes, fan d’Aznavour et douée pour la calligraphie
A gauche, un petit éventail avec un poisson dessus, cadeau de la professeur
Petit pâté sur le Mu
Nos hôtes adorables amateurs d’Aznavour vu 2 fois en concert et de Nicole Croisille posée sur la platine pei de temps avant mon départ

Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. Avatar de Gérard Bardet Gérard Bardet dit :

    C’est sûr, tout un mois dans un pays étranger, doit paraître long, surtout seul, Eliane Chalet donnait des cours de calligraphie , pendant notre ancien groupement agricole, je n’y suis jamais allé car je sais que pour tout ce qui est dessin je ne suis pas bonne du tout Bisous Suzanne

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